Un bâtiment qui produit et consomme sa propre énergie ? C’est le principe de l’autoconsommation collective. À l’heure où les urbains sont en quête de pratiques plus vertueuses, où les villes se transforment pour devenir plus durables, cette démarche offre la possibilité d’une consommation d’énergie en circuit-court, ainsi que la promesse d’économies pour les usagers. Tout comprendre sur ce dispositif prometteur à travers le cas d’Ydéal Confluence à Lyon.
Panneaux photovoltaïques sur le toit de plusieurs bâtiments, batteries pour stocker l’énergie, système de redistribution d’électricité, Ydéal Confluence à Lyon sera le premier îlot urbain en autoconsommation collective. Dispositif démonstrateur de la ville de demain, il sera accessible à tous les habitants pour produire et partager une énergie renouvelable.
L’autoconsommation consiste à consommer une partie ou l’intégralité de l’énergie produite sur place. Très concrètement, on parle d’autoconsommation collective lorsqu’un bâtiment, ou un groupe de bâtiments, produit sa propre électricité pour la consommation de ses occupants.
Dans son principe, l’autoconsommation collective fonctionne un peu comme un pot commun énergétique : les habitants décident d’y participer, et peuvent ainsi profiter de l’énergie produite par les bâtiments.
Pour des raisons de productions locales, les dispositifs d’autoconsommation collective se développent essentiellement sur des énergies renouvelables, en particulier d’électricité solaire photovoltaïque (mais aussi éolienne, hydroélectrique, bioénergie, cogénération, etc), comme sur notre projet Ydéal Confluence à Lyon.
Le cas d’Ydéal Confluence : premier îlot en autoconsommation collective de France
Projet démonstrateur de l’autoconsommation collective, notre programme Ydéal Confluence mêle logements, bureaux et commerces. Fort d’un parti-pris audacieux né d’une réflexion menée conjointement par la SPL Confluence et OGIC, et portée en partenariat par EDF ENR et ENEDIS, “c’est le premier bâtiment en France sur lequel on a mis en oeuvre l’autoconsommation collective”, explique Magali le Coadic, Directrice Opérationnelle chez OGIC, une innovation qui a même fait avancer la législation.
Avant 2019, la loi sur l’autoconsommation collective limitait de manière importante la distance légale entre consommateur et producteur d’électricité. Pour Sylvie Josse, Directrice Adjointe de Lyon Confluence :
“Ydéal Confluence a joué un rôle dans l’évolution de la réglementation sur l’autoconsommation collective, en montrant tous les avantages de ce dispositif pour un îlot d’habitation. En 2019, un décret a ainsi été pris pour permettre d’autoconsommer de l’électricité dans un périmètre plus large, ce qui n’était pas le cas avant Ydéal ! C’est un vrai progrès pour les futurs dispositifs d’autoconsommation collective”,
Nous sommes toujours en quête de nouveaux dispositifs pour réduire l’empreinte carbone de nos bâtiments sur l’ensemble de leur cycle de vie, que ce soit par la mise en place de techniques innovantes ou de matériaux économes en énergie, comme la terre crue.
Des panneaux photovoltaïques pour produire l’énergie
Dans le cas d’Ydéal Confluence, les toitures sont équipées d’une installation photovoltaïque de 1000 m² d’une puissance de 174 kWc, soit 532 panneaux sur 4 toitures.
Cette installation couvrira jusqu’à 50 % des besoins en électricité des habitants grâce à l’autoconsommation collective mise en œuvre.
Une batterie pour redistribuer l’énergie à toute heure
Nos équipes ont travaillé avec des experts (juristes, syndics, géomètres, partenaires EDF) pour installer un système de stockage en électricité dans des batteries au lithium de 200 kWh. De la sorte, l’énergie pourra être partagée :
- Principalement aux bureaux et commerces en journée,
- …et par les logements en soirée.
Les panneaux ne sont pas raccordés à leur propre immeuble : chaque kWh produit est stocké puis redistribué en fonction des besoins. L’installation et la gestion sont assurées par EDF ENR qui déduit ensuite la part autoconsommée des factures d’électricité.
Autoconsommation collective : en devenir consommateur est une démarche choisie
En France, pour produire l’énergie, il est nécessaire de constituer une personne morale. L’article L315-2 du code de l’énergie implique la constitution de cette personne morale organisatrice. Celle-ci est une entité juridique comme une association, une copropriété ou une coopérative, et c’est cette personne morale qui a la charge de l’exploitation de l’autoconsommation collective en “assurant la liaison technique et administrative entre Enedis et tous les participants.”
Si l’on reprend l’exemple de notre lieu de vie hybride lyonnais, les investisseurs, les propriétaires occupants et les futurs bailleurs ayant acquis un logement entrent d’autorité dans cette personne morale, en tant que producteurs.
En revanche, devenir consommateur est une démarche choisie, car légalement, il est interdit d’imposer un fournisseur d’énergie. Les futurs habitants sont donc invités à adhérer à une association s’ils souhaitent participer à la consommation des kWh produits sur place, un acte d’engagement qui contribue à faire de nos habitants des acteurs d’une ville plus durable.
À Ydéal Confluence, la personne morale est une association appelée Le Soleil d’Ydéal Confluence. Celle-ci assurera la gestion de l’énergie produite par le dispositif d’autoconsommation collective.
Le président de l’association Le Soleil d’Ydéal Confluence, George Rudyk, est justement l’un des copropriétaires : “Je me suis impliqué dans l’association car j’estime qu’être copropriétaire ne se limite pas à la périphérie des 4 murs de son logement, il faut aller au moins jusqu’à la périphérie des limites de l’îlot. Et puis en fonction de son expérience, de sa disponibilité, autant en faire profiter les gens, surtout quand ce sont des causes pour lesquelles on est convaincues !”
3 bénéfices de recourir à l’autoconsommation collective
- Sur le long terme, c’est la possibilité de réaliser des économies d’énergie. Aujourd’hui, le prix du kWh fait que l’économie nette sur la facture d’électricité est estimée à 8% en moyenne. Mais, d’ici 4 ou 5 ans, si les tarifs de l’énergie poursuivent leur croissance constatée depuis de nombreuses années, les installations d’autoconsommation collective présenteront davantage d’intérêt économique.
- L’autoconsommation collective est une démarche positive : la production et la consommation en local permettent de créer ou d’entretenir un véritable esprit de communauté. Un intérêt pour les habitants réside dans la capacité de consommer leur propre énergie et de se rendre moins sensible aux défaillances du réseau.
- Enfin, c’est de l’énergie renouvelable ! Pour de nombreux urbains soucieux de la préservation de l’environnement, c’est un moyen d’alléger son empreinte carbone par le recours à une solution utilisant des énergies vertes.