Et si on vous disait qu’il existe un moyen simple pour réduire votre impact écologique en agglomération tout en faisant des économies sans pour autant rogner sur votre qualité de vie ? La solution est élémentaire : éliminons “la voiture de trop”. Dans la fabrique de la ville, la mobilité joue un rôle crucial, les solutions de mobilité douce, collective et partagée se multiplient. Un sujet pris très au sérieux par Pierre Bernardini, directeur régional OGIC Méditerranée, qui s’est engagé auprès de la ville et de la Métropole d’Aix-Marseille-Provence à désengorger une des artères la plus passante de la ville de Marseille : l’avenue du Prado. Outre l’implantation d’une petite flotte de véhicules électriques partagés, OGIC a mené une longue réflexion sur les moyens de les faire adopter.
En 2019, Marseille a atteint la deuxième place du podium des villes les plus embouteillées de France, derrière Paris, avec 146 heures gaspillées par an derrière le volant. Pas étonnant quand on sait que, selon le CCFA, le parc automobile français en circulation dépassait les 39 millions en 2018, dont 82 % uniquement de voitures individuelles Cela génère évidemment du stress, mais également de la pollution – les scientifiques estiment que la voiture est à l’origine de 50 à 60 % de la pollution de l’air dans les grandes agglomérations, en fonction des polluants que l’on considère, révèle Jocelyne Just, pédiatre, pneumologue et chef du service d’allergologie pédiatrique à l’hôpital Armand-Trousseau, à Paris dans une interview parue dans le Monde.
Alors que nos voitures dorment la majeure partie du temps dans des parkings payants ou des rues encombrées, faisant de la recherche d’un stationnement une épreuve de patience, une question se pose. Avons-nous réellement besoin de posséder une voiture de façon individuelle ? Face à ce gouffre financier autant qu’écologique, il est temps de mettre à disposition des usagers des solutions alternatives. L’autopartage de véhicules électriques semble être une des réponses qui permet de désengorger les routes en proposant tout simplement la mutualisation d’un ou plusieurs véhicules pour un groupe d’utilisateurs.
Favoriser l’autopartage est un travail collectif
Chez OGIC, penser la mobilité à l’échelle du quartier, tenir compte des besoins des habitants et encourager de nouveaux usages plus vertueux font partie de notre responsabilité de promoteur : “Nous avons mis en place plusieurs dispositifs de mobilité, et nous voyons l’autopartage comme une opportunité de désengorger la ville et de faciliter le quotidien de ses habitants”, raconte P. Bernardini.
Alors que les pouvoirs publics cherchent des solutions pour améliorer les transports et la sécurité en ville, leurs actions se heurtent parfois à des contraintes budgétaires ou d’espaces. Nous devenons, alors, leurs partenaires dans la recherche de nouveaux dispositifs, pour les mettre en place concrètement sur le terrain mais surtout pour les faire adopter.
“Nous pensons donc nos projets en intégrant cette problématique en amont pour apporter des solutions non pas à l’échelle d’un îlot mais à l’échelle de la ville. L’idée est donc de concevoir ces services de mobilité en partant des usages des futurs résidents et de l’impact sur la ville », nous explique Pierre Bernardini.
L’implanter, c’est bien ; l’adopter, c’est mieux !
C’est le cas à Marseille, où deux résidences sont en construction sur l’avenue du Prado, à proximité du siège d’OGIC Méditerranée. Cette avenue étant une artère aussi passante que parfois saturée, le lieu semblait idéal pour pousser plus avant nos convictions et passer à l’action. De plus, le fait d’avoir nos locaux sur la même avenue représentait une véritable opportunité pour tester le dispositif.
Mettre à disposition de chaque résidence une voiture électrique était une solution intéressante mais restrictive et beaucoup trop autocentrée sur ses habitants. Dans un souci d’ouverture à la ville, il fallait une solution plus inclusive. L’union faisant la force, OGIC s’est associé avec un système d’autopartage de voitures électriques en free floating – pouvant être prises et rendues n’importe où et sans pré-réservation – déjà installé à Marseille : Totem mobi. Un mode de déplacement moins encombrant et moins polluant sur les trajets courts.
Nous avons financé et procuré un emplacement pour quatre bornes électriques à l’intersection des futures résidences et de nos locaux. Avec cette implantation, les Twizy vont faire partie du paysage quotidien de chacun et prouver leur disponibilité et facilité d’utilisation. Mais offrir un lieu d’implantation à ces mini voitures ne garantissait pas son succès.
Le système a été mis en circulation avant même la sortie de terre des projets. Ainsi, nous avons pu tester l’adhésion de ce nouveau modèle de mobilité auprès de nos collaborateurs et identifier les éventuels freins. Pour amorcer son utilisation, nous avons offert des Tokens (jetons d’utilisation) à chacun tout en les sensibilisant sur le sujet.
Résultat, depuis le 8 décembre 2019, nos collaborateurs peuvent se déplacer en Twizy sur leurs heures de travail. Certains ont déjà pu constater le gain de temps et de qualité de vie pour des trajets intramuros. Et nous espérons qu’ils prendront l’habitude d’utiliser une voiture partagée même dans leur vie personnelle !
« Tous nos collaborateurs sont très enthousiastes à l’idée de pouvoir utiliser ce nouveau mode de mobilité jusque sur leur temps personnel », s’enthousiasme P.Bernardini.
« Notre but est de participer au maillage global de ce nouveau mode de transport plus vert et partagé en collaboration avec Totem. »
Pierre Bernardini, directeur régional OGIC Méditerranée
Fort de ce succès en interne, nous comptons renouveler l’opération des Tokens gratuits pour inciter les résidents à tester la solution. Notre but est de participer à l’adoption de ce nouveau mode de transport plus vert et partagé en collaboration avec Totem. Nous avons commencé avec l’avenue du Prado, mais d’autres sites sont prévus, comme Résidence du Parc dans le 10e arrondissement
Une enquête nationale sur l’autopartage publiée par 6-t encourage largement notre optimisme. Cette étude estime que 12 500 à 20 000 voitures personnelles ont été supprimées sur 32 millions en France en 2019 grâce à la mise en place de systèmes d’autopartage. Elle révèle également que 77 % d’autopartageurs interrogés indiquent que leur ménage s’est séparé d’au moins une voiture parce que l’utilisation de l’autopartage était suffisante… La fameuse « voiture de trop ».